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vendredi 29 avril 2016

L' art moderne un retour à l' enfance?







" L' art moderne est - dans la mesure où il vaut quelque chose - un retour à l' enfance. Son thème éternel est la découverte des choses, découverte qui ne peut se produire, sous la forme la plus pure, que dans le souvenir de l' enfance. C' est là l' effet de l' allpervading conscience de l' artiste moderne ( historicisme, notion de l' art comme activité suffisante en soi, individualisme ), qui le fait vivre à partir de seize ans dans un état de tension/d' efficacité - c' est-à-dire dans un état qui n' est plus propice à l' absorption, qui n' est plus ingénu. Et, en art, on n' exprime bien que ce qui fut absorbé ingénument. Il ne reste, pour les artistes, qu' à se retourner vers l' époque où nous n' étions pas encore des artistes, et à s' en inspirer, et cette époque, c' est l' enfance. "

Cesare Pavese 
Le métier de vivre nouvelle traduction de Martin Rueff folio Gallimard 2014.





L' ensemble des photos Versus.

7 commentaires:

  1. L' enfance serait-elle une " cavale indomptée"?

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  2. 1°) Un cheval de carrousel n'en donne certainement pas la meilleure représentation : on tourne en rond...
    2°) Contestable et finalement fort convenu ce recours à l'"enfance" pour prétendre rendre compte de la création artistique: "pureté", "ingénuité", etc., nous sommes dans la perspective moralisante qui voudrait que l'art relève de tout autre chose que de l'intelligence ou de l'activité concertée, entachée d'artifice ou de calcul; à quoi il faudrait opposer le rapport fusionnel avec les choses. On se sert d'une enfance mythique comme on se fabrique un état originel auquel il faudrait retourner, à l'image de l'"état de nature" chez Rousseau, par ailleurs souvent mal compris.

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    1. Bonsoir.
      Il ne vous aura sans doute pas échappé que le libellé du sujet s' accompagne d' un point d' interrogation?
      Plus précisément ce texte de Cesare Pavese est daté du 12 février 1942 et il va sans dire que de nombreuses théories qui conditionnent ou tente d' expliquer la création artistique sont passées sous les ponts depuis...
      Il eût été intéressant de soulever dans ce texte dont je savais qu' il allait ouvrir au pire à polémique, au mieux à discussion, le " ce que vaut l' art" par exemple.
      L' ingénuité ( il faudrait s' entendre sur le sens de ce mot )ne me semble pas induire obligatoirement des " perspectives moralisantes" comme vous l' écrivez de même qu' une couleur " pure" qui ferait appel à des précisions chimiques de compositions.
      Les termes peuvent effectivement sembler être datés mais on peut être ingénu et calculateur. Cela existe dans le monde des artistes...
      Et combien d' œuvres d' artistes "contemporains" se trouvent élaborées de cette manière!

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  3. Je réponds à votre 1°)

    C' est justement dans la contrainte d' un monde concentré, circulaire que l' on peut encore construire par son imaginaire une échappée possible de celui-ci.
    Ne croyez-vous pas que ce serait le pompon?
    Celui que l' on essaie d' attraper dans ces mêmes manèges.

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    1. On peut ajouter dans le prolongement de cette discussion la lecture ( un classique !) des Méditations sur un cheval de bois ou les origines de la forme artistique de E.H. Gombrich éditions W Mâcon 1986.

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  4. Oui la référence à cet ouvrage de Gombrich est un bon contre-exemple de l'idée d'"absorption" proposée par Pavese (mais peut-être celui-ci l'a-t-il, ailleurs ou plus loin, précisée ou approfondie) : dans le jeu de l'enfant, la fonction de l'objet quelconque prime sur la forme, l'important est que le bout de bois tienne lieu de cheval et que le processus du "making believe" transforme le réel, dans l'indifférence la plus complète à l'égard de la ressemblance.

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