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dimanche 27 janvier 2013

Désormais Walter Lewino ne se couchera plus de travers.




18 Janvier 1924-18 Janvier 2013.

Un comble pour ce précoce aviateur:

" Peu après le décollage, il fit un bras d' honneur en direction de la terre, prenant bien garde de ne pas être remarqué par les autres passagers."

Walter Lewino, Longtemps je me suis couché de travers,Maurice Nadeau éditeur 1994.

Ici, sa vie, son œuvre.

Son blog irrévérencieux, ICI

Photo Versus.

jeudi 17 janvier 2013

Courrier d'avant






" P.-S. — Je relis cette lettre et ne puis m'empêcher de la trouver très bête. Le génie épistolaire c'est de faire de fausses lettres où tout le monde croit se retrouver et être seul. Ce génie-là ne me visite pas. Il n'est guère de mes élucubrations dont je ne sois prêt (pour peu que le soleil qui frappait mon bougeoir de fer vienne jouer dans la boule de gui ramenée du bois, ou à se cacher) à soutenir avec autant de raison le verso.




Est-ce scepticisme ? Je serais plutôt fanatique, mais pas dans le domaine des raisons. Parain et Blanchot disent également que les idées et leur expression ont perdu toute force, si jamais elles en eurent. II n'y avait même pas besoin de la guerre et de la propagande, la publicité y eût suffi. Le commerce concur­rentiel vide le langage de toute aptitude à la vérité. Et comme maintenant les firmes, les États, les Églises, les Écoles d'art, se servent non seulement d'arguments mais de magies et visent le réflexe autant que le choix, nous sommes réduits à une langue dont non seulement les intentions claires mais même les charmes efficaces doivent être bannis.
D'où ma crainte des prières d'insérer. J'aimerais même qu'un livre ne porte plus de sous-titre de genre (roman, poème...), mais soit comme un arbuste non étiqueté le long d'un chemin, à prendre tel quel ou à laisser, à regarder vite ou longuement, à dépasser vingt fois sans attention puis à soudain aimer."


La Nouvelle Revue Française, n° 85, janvier 1960





Jean Grosjean Une voix, un regard
Textes retrouvés 1947-2004
Edition de Jacques Réda
Préface de J.M.G.  Le Clézio
NRF Gallimard 2012.



Enveloppe originale de Jean Marie Staive 1980.
Photos Versus 2013.

dimanche 6 janvier 2013

Les restes de la fête







Soit une mise en ordre arrangée avec parcimo­nie. « Rien ne se perdra de ce qui se créera », était-il décidé. Et voici que survient une explosion fugace mais concertée, imprévue mais attendue : la fête.
Ce qui fut tenu bien serré de longue date se relâche. Ce qui fut retenu se détend.
Soit une accumulation, d'une part, et de l'autre des conduits, des canaux, des plis pris à maintenir et à guider dans des délimitations données tout produit d'un travail (et le travail lui-même). Soit l'énergie, d'une part, l'excès de son produit, d'autre part. Le recueil de sa suée, la conversion de sa chaleur.
Voici la dépense infinie dans tous les sens (plus de pli, ni de canal, ni de réservoir). Elle emporte l'excès. L'énergie elle-même est l'excès. Excès de tout, tout est excès, et justement déborde. Gas­pille, dit-on, mais ce sont les autres qui le disent. Qui ne sont pas de la fête, qui ne sont pas dans la fête.











Ce qui déborde à la dépense s'épuise, à l'explo­sion se consume. En retombent, épars, les débris. Cela se produit la plupart du temps au lever du soleil. Au petit matin frileux. Ce sont là les restes de la fête. Ses scories. Après la mise entre paren­thèses de l'utile et de l'ordre, ils ne sont pas le désordre d'une abondance soudaine, mais, après lui, ce qui, au-delà de l'ordre et du désordre, gît là, oublié de tous.
Parfois, certains passent et ramassent ces restes, s'imaginent avec eux d'autres fêtes. Alors fêtes d'une autre nature, elles sont la perte succédant à la perte, la nudité qui devient profuse avec de la nudité. Les objets qui s'y prêtent n'ont plus leur place ni dans l'économie ni dans la dépense. Leur lieu ne leur est plus assigné dans ce procès.






Transis dans leur étrangeté d'après le temps le plus fort, ils sont le petit contentement et la fruga­lité des fastes. La chaleur des réjouissances y est celle du point aigrelet de la flamme d'une bougie.


Daniel Klébaner Poétique de la dérive Le Chemin Gallimard 1978.









L'ensemble des photographies Versus.