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mercredi 28 novembre 2012

Le chat est-il le ça qui parle en nous?







" Voir l'être aimé de loin Peut-être est-il rentré Voir la maison Seulement la maison La place Loin encore la place La rue Des roues Atteindre l'angle Atteindre le point de vue et de loin ne serait-ce qu'apercevoir deviner la présence Une dernière fois HORREUR SEUL Tu parles tout seul En finir Non

Mais où sont donc ces photos C'est toi qui les as Mais non Si je crois que tu les as mis dans ta pièce Les photos avec le chat Oui les clichés en couleur Je les ai retrouvées l'autre jour je les ai mises en lieu sûr Plus moyen de les retrouver Comment cela se fait-il On trouve toujours les choses sauf quand on en a un besoin immédiat O elles ne sont pas perdues ces images Mais c'est là maintenant qu'il me les faut que je veux les avoir que j'ai besoin de les regarder Tu veux les voir Je désire les voir J'en ai besoin Pour mon roman Toutes les choses qu'on retrouve toujours trop tard Quand je les retrouverai ce sera trop tard trop tard Je ne serai pas disposé à les regarder Je ne serai plus dans le même état d'esprit Je n'aurai plus la réceptivité II suffit d'un regard d'un objet et je sais je sens que tout redémarrerait La vie serait là Vécue Revécue Rêvée Mais ce ne serait pas pareil Vie Rêve Un seul état de la matière Un seul état de moi Là Tout de suite II sera trop tard Les choses arrivent toujours quand on n'en a plus envie On est content de les voir arriver mais quelle déception toujours cet arrière-goût de cendres Quelle déception Quand même Ce n'est pas trop tôt Rien n'est pareil Même les morts ne sont plus pareils quand on en parle trop tard Ce ne sont plus les mêmes mots Ce ne sont plus les mêmes morts Gloire à un tel Raminagrobis Poète II porte en lui le destin des villes des banlieues II vibre du métro et souffre et souffle avec la foule Chante l'enfance trop tôt perdue Trop tard Trop tard C'était C'était lui C'est un autre Tard Trop tard Une photo en couleur Un chat roux endormi sur les genoux d'une fillette La couleur n'est pas juste Elle fait cinéma Mauvais film en couleur Trop crue et déjà ternie Le voile des rideaux sur la lueur de l'été sur la peur de l'été Tamisant la chambre calme On devine des taillis un air d'entente La paix des familles Trop tard Trop tard La photo déchirée Un visage Un visage blanc blafard blême sur fond crémeux Etait-ce Est-ce Qui Ombre dans le
 




vécu plus belle dans le crème le chamois de l'épreuve Mais peut-être ne t'ai-je jamais vécu Peut-être nos rêves parallèles s'étiraient sans fin et sans se toucher L'unité L'unité Quelle ascèse nous l'aurait donnée L'unité On n'avait pas appris à la vivre Les gestes instinctifs nous poussaient nous semblaient beaux comme la création du monde Ces minutes ineffables où nous inventions tout Où nous nous Inventions nous-mêmes Cette connaissance verticale cet élan vite retombé dans les démarches sur le pavé gris où les gestes de protestation de prostitution ne remplacent rien La caresse agace Une initiation nous a manqué Voilà L'initiation Mais Mais ne nous sommes-nous pas nous-mêmes initiés Initiés pour trop tard Les voies ont divergé pauvres parallèles Les voix détonnantes L'initiation c'était avant c'était avant C'est drôle C'est drôle Qu'est-ce qui est drôle J'ai rêvé de Kiki cette nuit Ah oui J'entendais des chats qui rêvaient qu'ils se battaient entre eux Une époque bizarre L'un d'eux c'était Kiki II flanquait une raclée monumentale à d'autres chats II en tuait un Oui oui il en tuait un II le tuait d'un coup sur la nuque Un coup de dent Un coup de pelle peut-être Un coup de tête Un coup de flamme Mais il était blessé Je le tenais sur mes genoux en t'attendant Tu devais lui faire une piqûre Moi Oui toi Incroyable Oui je l'avais enveloppé dans une serviette en attendant que tu prépares la piqûre Je l'avais entièrement recouvert d'une serviette Une serviette blanche II était comme mort Mais d'un coup de patte il a soulevé la couverture Je la lui remettais sur la tête II fallait qu'il reste couvert il la soulevait de nouveau d'un geste de sa patte comme il faisait des fois tu vois II la soulevait Tu n'arrivais pas Finalement mon rêve Tu n'écoutes pas Il y a un temps pour tout C'est trop tard Etait-ce un rêve Alors pourquoi pourquoi est-ce toi qui rêve Horreur Je n'ai pas rêvé Tu parles et ce que tu dis est aussi vrai que la vie De nouveau la menace de l'aube En finir Non
La menace de l'aube






Dissipés monstres amoureux et possessifs des nuits écartelées des quarts lunaires atrésies des césures entre les travaux et les mouvements Et les maisons se rebâtissent étage par étage longs balcons Résidences après cités copropriétés vues imprenables A l'autre bout de la rue cette cité donne peut-être sur la mer Pas de marée Pas d'alizés Nous y sommes sur les plages de sable fin "

Oleg Ibrahimoff La vie et la mort sur une petite place  Revue Métamorphoses 1973 (tous droits réservés)


(Photo 1, Versus. Photos 2 et 3, édition originale du roman de Oleg Ibrahimoff paru à l'origine en trois livraisons dans la revue Métamorphoses  sous le pseudonyme de Jean Louis Dino. Puis en intégralité dans le numéro "spécial" 26 de cette même revue avec la reproduction de gravures au burin de Paul Jeener en décembre 1973 ( photo 4) à la même époque que l'édition publiée ci-dessus, illustrée recto-verso couleur or, du chat Kiki. Collection Versus)


mardi 13 novembre 2012

Un week-end en Corrèze





Vendredi, fin de matinée, les vedettes de la Foire du Livre de Brive ne sont pas encore arrivées..




Mais les piles de livres attendent leurs auteurs.




 Comme les hôtesses sur les stands, attente des écrivains et du public.





 Frémissements certains sur le stand de Charlie Hebdo.





Ou bien encore avec les DVD illustrés par José Corréa que je rencontre avec plaisir quelques vingt années plus tard!
Ici son travail d'illustrateur.


Quelques vedettes du monde des lettres sont déjà au travail




Je remarque la façon assez enfantine d'écrire d' Olivier Adam, doigts serrés sur le stylo bille.




Malek  Chebel prend un instant de méditation avant l'arrivée de la foule.







Deux vedettes déjà en concert... J.F. Kahn et Denis Tillinac.




Et Madeleine Chapsal toujours présente...




  Après l'obtention du prix, une petite déprime?




Alors que Cabu signe sans discontinuer!





Et que Gonzague Saint- Bris est manifestement heureux d'être là!




 S'arrêter aussi pour discuter un instant avec une écrivain que l'on ne connaît pas.( Catherine Sombrun)



Alors que la carte bleu chauffe très fort entre Olivier Adam et Madame Fugain!



Cependant que notre écrivain éditorialiste J.F. Kahn parle politique et ne signe pas ses livres!




Des livres, il y en a des paquets!





..Et des sourires aussi...( Isabelle Delamotte)




Et le sourire bien  vivant encore, de l'hôtesse de la Foire...On pourrait en faire de belles archives!

Et j'y suis retourné le dimanche!




Entre la file d' attente ( 300 mètres!)





Et le marchand de crêpes à la sortie...





La mare aux canards?

Avant l'accès définitif aux livres!


  Gérard De Cortanze avec sa formidable biographie de Pierre Benoît chez Albin Michel!

Le site de Gérard De Cortanze ici





Pierre Jourde avec Le maréchal absolu chez Gallimard. ( il m'a dédicacé son Opérette métaphysique d' Alexandre Vialatte)






Serge Bramly pour son Orchidée fixe chez J.C. Lattès (et son Léonard de Vinci, son Les Baisers, son Shanghaï..)





Salut encore à José Corréa.





Et merci aux amis brivistes, D et B L.
Un peu d'intimité après la foule, fruits calmes que vos regards..

 Enfin



L'ensemble des photographies, Versus. 

jeudi 1 novembre 2012

Les portes nous importent et comment!






"Les rois ne touchent pas aux portes.
Ils ne connaissent pas ce bonheur : pousser devant soi
avec douceur ou rudesse l'un de ces grands panneaux familiers,
se retourner vers lui pour le remettre en place,
- tenir dans ses bras une porte —
Le bonheur d'empoigner au ventre par son nœud de porcelaine
l'un de ces hauts obstacles d'une pièce,
ce corps à corps rapide par lequel un instant la marche retenue,
l'œil s'ouvre et le corps tout entier s'accommode à son nouvel
appartement.
D'une main amicale il la retient,
avant de pousser décidément et s'enclore
- ce dont ce déclic du ressort puissant mais bien agréablement
huilé l'assure. "



Francis Ponge, Le Parti pris des choses, 1942





A écouter
Pierre Henry Variations pour une porte et un soupir 1963





La porte ! Combien de fois ne l'avons-nous pas dit ou entendu et combien de fois la passons-nous par jour ? Savons-nous vraiment ce qu'est une porte et jusqu'où elle nous mène ? Tout le monde s'accordera pour reconnaître que dans sa définition même elle implique l'existence d'un "dehors" et d'un "dedans", du bien-être et du danger, et que toute porte utilisée déclenche une philosophie du monde.
Depuis les Magdaléniens nous n'avons cessé de la réinventer et de l'utiliser pour des causes différentes au point que l'on peut se demander quelle folie nous a pris pour rendre cette barrière à la fois si simple et si complexe. Les portes c'est aussi l'incroyable étiquette de la Cour, les octrois, les frontières, tout ce qui nous empêche et nous régule, sans compter les hommes qui les tiennent : Suisses, portiers, concierges, domestiques, mais aussi le décorum, les pompes mortuaires et les terribles portes de prison. Aujourd'hui fini les gonds, et à nos portes rivalisent désormais codes et cambrioles.
Par leur essence même, les portes expriment les cultures : en Afrique les Jnouns font concurrence à Eshou et les serrures dogons reflètent encore l'âme de leurs maîtres, la Chine oriente toujours ses portes en s'occupant du Ciel alors que le Japon les construit en papier. En Océanie ce sont les tabous qui les gardent pendant qu'en Amérique au-delà des malocas, des tipis et des iglous, elles sont devenues héroïnes de feuilletons télévisés.
Dans cet ouvrage savant où le terrain et l'humour le disputent au livresque, où l'auteur fait, avec brio, part égale à l'écriture, à l'histoire et à l'ethnologie, les portes, les passages et les seuils apparaissent autant incontournables qu'inexorables dans notre vie de tous les jours.( Présentation de l'éditeur.)
Pascal Dibie
Ethnologie de la porte des passages et des seuils Métailié éditeur
Pascal dibie est professeur d'ethnologie à l'Université Paris Diderot-Sorbonne Paris Cité (Laboratoire urmis). On lui doit entre autres l'Ethnologie de la chambre à coucher et Le Village métamorphosé.

A lire!













Photos Versus 2012.