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mercredi 24 octobre 2012

Rebelles et paradisiens









"La plupart des rebelles sont des paradisiens nostalgiques.
Entre les rebelles purs et les paradisiens
refoulés existe une troisième catégorie: ceux
pour qui la sauvegarde de leur individu est une
tâche suffisante. Leur maître est Max Stirner
(L'unique et sa propriété) pour qui l'humanité
n'est qu'une abstraction, la vie la plus
vraie étant toujours la plus individuelle. Ils ne seront
pas «les victimes encore chaudes de l'espoir»,
ces rebelles astucieux.

Le taoïsme, créateur d'un pessimisme très équilibré, enseigne cette parade subtile: supporter les choses telles qu'elles sont, sans, toutefois, s'abandonner aux ordres du Pouvoir. Le premier point: jamais ne le fronder de face. La parabole la plus nette est celle-ci: n'essayez pas de nager contre le courant ; le flot issu d'une cascade et qui devient torrent, laissez-vous porter par lui sans vous débattre, et ainsi, par une subtile oblique, vous serez amenés en douceur sur la berge."





André Masson
La mémoire du monde.
Les sentiers de la création, éditions Albert Skira 1974.





L'ensemble des photos Versus 2012.

vendredi 12 octobre 2012

Jean Mambrino en sa dernière demeure

JEAN MAMBRINO, Londres 1923 - Lille 27 septembre 2012




 Si tu consens
à la candeur
du mouvement
qui t'efface
le oui de la lumière
est ta demeure.

( BLANC)






Papier pollué
décharge de lettres et de mots !


D'où surgit la hanche roulante
de la colline
et le peuplier qui ruisselle
sans laisser de traces
sur le ciel.
La mer ouvre l'espace
à deux battants, et crache :
sens sur ta face
la salive salée.
La neige enlève les cîmes
dans le bleu de l'oubli
au-dessus de nos rêves.
La goutte d'or-noir
du scarabée hésite
à bout de tige,
quand les convois de Géantes
flottent sans poids
au bord de l'infini.
Et les villes remplies d'yeux
et de mains et de cerveaux
qui cliquettent, s'allument,
(et de douleur à ras bord)
brûlent à l'air libre la matière de l'amour.


Sur la page le tremblement du jour :
Tu disais que les mots sont morts !


Jean Mambrino
ainsi ruse le mystère, José Corti éditeur 1983.




Ce poème de Jean Mambrino a été édité en prépublication dans le numéro 1 de la revue CORPS ECRIT intitulé L' écriture aux PUF en 1981.




Copyright photos Versus et édition José Corti pour les textes.